Miniature - La cuisinière du Kaiser

La cuisinière du Kaiser

  • Armel Job
  • auteur belge
  • guerre
  • Historique
  • Roman

Le résumé

Magda et Victor forment un jeune couple auquel tout semble réussir ; leur établissement, le Grand Hôtel des Ardennes, prospère, et ils fondent bientôt une belle famille de huit enfants.
Tout bascule lorsque la guerre éclate.
Le 22 août 1914, Guillaume, le fils préféré de Magda, est brutalement assassiné par un officier allemand. Magda s’emmure dans son deuil, Victor dans son silence.
La famille se disloque.
Pour rendre justice à son enfant, et pour tenter de soulager sa douleur, Magda se lance dans une longue quête solitaire qui va la conduire au plus près des responsables de la guerre, jusqu’au chef suprême des armées, le Kaiser Guillaume II en personne.


La critique du Chat Botté

L’avis de Delphine :

« La cuisinière du Kaiser » est principalement le récit de la vie de Magda (1865-1930), une femme que le destin n’a pas épargnée. Tout commence quand le narrateur, historien, reçoit d’un cousin éloigné un carnet, sorte de journal intime, de son arrière-grand-mère. Et voilà, tout un pan de l’histoire familiale méconnue qui resurgit. Nous sommes alors plongés au tournant du siècle, dans le quotidien de Victor et Magda. On suit leur vie, de leur rencontre jusqu’au drame de 1914 et la mort d’un de leurs enfants, Guillaume. Après cet événement, le récit se concentre surtout sur Magda et sa quête de justice qu’elle mènera avec ténacité jusqu’à sa mort.

Un des points forts de ce livre est l’ambiance XIX° siècle, que l’auteur, Armel Job, arrive à recréer. On est plongé dans cette époque et ses mentalités. Au côté des personnages, on retrace plusieurs décennies, et on voit apparaitre les changements amenant à l’ère actuelle: l’arrivée de l’automobile, l’indépendance des femmes, l’accouchement à l’hôpital, la vente d’eau de source, la psychologie, etc.

Un autre point fort de ce récit est toute la question du « non-dit ». On voit à travers ce récit comment les non-dits ont fait voler en éclats d’abord le couple de Magda et Victor mais aussi toute la famille. Tous les personnages, chacun à leur tour, vont se murer dans leurs sentiments et creuser petit à petit un fossé entre eux: Victor qui ne dit pas sa tristesse à la mort de Guillaume, Magda qui mène sa quête de justice en secret, les enfants qui se questionnent sur leur lien de parenté avec leur « frère », Magda qui s’éloigne de son petit-fils parce qu’il porte le nom de son enfant décédé et que la douleur est encore trop vive, etc.  L’apparente réussite de la famille camoufle en fait une crise profonde due à un manque de dialogues et c’est intéressant de voir à quel point cela va se répercuter sur les enfants jusqu’à déformer l’histoire familiale.

Enfin, il y a une grande émotion véhiculée par la quête de justice de Magda.  Elle ne peut admettre que son fils soit mort pour rien, que le coupable ne soit pas puni. Elle n’admet pas qu’on lui dise qu’il s’agit d’un malheureux dommage collatéral, c’est la guerre. Elle a besoin de comprendre le bien-fondé de cette guerre, de crier sa tristesse, de demander réparation et surtout que justice soit faite. Il n’y a pas là de vengeance mais un besoin de justice afin de pouvoir faire son deuil. Elle essaie par tous les moyens (légaux, rencontre avec le Kaiser, recherche du soldat ayant tiré sur son fils) et c’est émouvant, surtout que la vie n’épargne personne.

parution le 20/02/2025

prix: 20 euro


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